la collection PREDI est inclus dans l’abonnement :
la collection PREDI est inclus dans l’abonnement :
Protocole d’évaluation et de dépistage des insuffisances du LAngage Élaboré
Tome 1
Destiné aux sujets de Niveau 2 (de BAC à BAC+3) et Niveau 3 (supérieur ou égal à BAC+4).
Protocole d’évaluation et de dépistage des insuffisances du LAngage Élaboré
Tome 2
Destiné aux sujets de Niveau 1 (inférieur au BAC)
Protocole d’évaluation et de dépistage des insuffisances de la MÉMoire
Destiné aux sujets de Niveau 1, 2 et 3
Protocole d’évaluation et de dépistage des insuffisances des Fonctions EXécutives
Destiné aux sujets de Niveau 1, 2 et 3
J.L. Nespoulous, Professeur émérite en sciences du langage – Université Toulouse Jean Jaurès – chercheur en neuropsycholinguistique
Extrait de la préface du manuel PREDILAC
Lors du recueil d’une plainte, le clinicien peut se trouver quelque peu démuni, lorsque les symptômes évoqués paraissent subtils. Ceux-ci sont-ils les manifestations d’un état passager d’amoindrissement des capacités cognitivo-linguistiques, ou bien les premiers indices d’une pathologie en cours d’installation ? En effet, certains dysfonctionnements peuvent passer au travers du filet des investigations réalisées avec des outils qui n’évaluent pas les traitements cognitifs de haut niveau. Un « effet plafond » peut également exister pour des épreuves ciblées sur ces processus, ce qui prive le thérapeute de la possibilité de détecter (au moins sur le plan des résultats quantitatifs) si le patient est déficitaire ou non, notamment par rapport à son niveau antérieur. Autrement dit, les épreuves classiquement proposées permettent en général d’évaluer des troubles spécifiques touchant telle ou telle procédure chez les sujets dont la pathologie est avérée, mais bien souvent elles ne suffisent pas à mettre en évidence des troubles mineurs, qui ne sont décelables que dans des activités mentales complexes.
A cet effet, les PREDI sont des logiciels d’évaluation des insuffisances/déficits cognitifs chez les adultes (à partir de 16 ans) à destination des orthophonistes, logopèdes et logopédistes. Les neuropsychologues entraînés aux bilans pour adultes cérébrolésés peuvent utiliser PREDIMEM et PREDIFEX. Ils représentent une aide clinique précieuse pour :
Dans les PREDI, les sujets sont différenciés par âge et (pour certaines épreuves) par niveau socioculturel. Les critères pris en compte pour déterminer le niveau socioculturel d’une personne sont : la durée de sa scolarité, ses diplômes. Bien évidemment, un niveau socioculturel équivalent peut être déterminé par la profession (et les diverses formations suivies) ou l’intérêt du sujet pour les activités intellectuelles et culturelles. On sait par ailleurs que plus le niveau cognitivo-linguistique d’un individu est élevé et plus sa plainte risque d’être forte et précoce, dès lors qu’il ressent des difficultés qu’il ne connaissait pas auparavant, et ce quelle que soit la réalité de ce dysfonctionnement ressenti et son caractère, épisodique ou durable…
▪ Rentrent dans le cadre des protocoles PREDI :
– des sujets qui ont un niveau CE (Certificat d’études); CAP ; BEP; jusqu’à BAC (niveau 1)
– des sujets qui ont un niveau BAC jusqu’à BAC+3 inclus (niveau 2)
– des sujets qui se situent à Bac+4 et au-delà (niveau 3)
▪ Les pathologies concernées par les PREDI sont les suivantes :
– Troubles liés à des pathologies neurodégénératives débutantes : Trouble cognitif léger (MCI), Maladie de Type Alzheimer, Aphasies Progressives Primaires, Démences Sémantiques, Démence Fronto-Temporale, Maladie à Corps de Lewy, Syndrome de Benson, Maladie de type Parkinson, Sclérose en Plaques…
– Mais aussi : Séquelles de traumatisme crânien, Lésions de l’hémisphère droit, Lésions de l’hémisphère gauche non aphasiques stricto sensu, Lésions sous corticales, Autisme de haut niveau, Schizophrénie.
NB : Les épreuves sont adaptées pour l’évaluation précoce de troubles liés à des maladies dégénératives mais aussi pour objectiver une plainte de symptômes séquellaires, même minimes, dans des pathologies avérées comme les AVC, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. Elles peuvent également être très utiles dans les expertises judiciaires dans le cas de traumatisme crânien par exemple.
– leur sensibilité aux insuffisances et troubles mineurs, subtils. Les tests sont prévus pour cibler des déficits très légers, y compris chez des sujets qui ont une excellente réserve cognitive ;
– le ciblage de mécanismes cognitifs de haut niveau dans leur complexité et leurs relations entre eux. Chaque domaine de la cognition (chaque fonction) est pris en compte à la fois dans sa spécificité et à la fois dans ses interactions avec les autres ;
– le thérapeute peut apprécier le niveau de performance du sujet testé en le comparant à une norme pour un âge donné et un niveau socioculturel donné ;
– leur scoring automatisé, qui facilite le travail interprétatif et l’évaluation fine du clinicien ainsi que le suivi longitudinal précis des performances des patients;
– la possibilité très pratique de rédiger des commentaires directement dans le programme;
– les pistes d’interprétation des résultats données pour chaque épreuve auxquelles peut se référer le thérapeute pour affiner à la fois la compréhension des symptômes et surtout de mettre en place les projets de remédiation.
J’utilise PREDILAC pour faire des bilans assez régulièrement. Souvent, je reçois mes patients après un rendez-vous chez le neuropsy et nous nous servons des épreuves PREDILAC pour poser un diagnostic et savoir comment mener le travail de rééducation. J’utilise aussi PREDILEM […] avec des patients plus jeunes et qui ont un niveau d’étude supérieur.
Noémie R. – Orthophoniste
Je vais piocher dans les épreuves PREDILAC pour effectuer des bilans en 2 ou 3 séances [pour des] patients souffrant de la Maladie de Charcot, d’Alzheimer […] des AVC.
Je me suis créé une trame me permettant rapidement de retrouver quelle épreuve faire pour savoir quel point tester : mémoire à court terme, fonctions exécutives, etc.
Stéphanie A. – Orthophoniste
J’utilise les épreuves PREDILAC et PREDILEM avec des patients atteints de maladies neurodégénératives, trouble de la mémoire, aphasie, FLA ou Azheimer. J’utilise autant PREDILAC que PREDILEM. Quand je vois que le premier est trop facile, je n’hésite pas à basculer sur le suivant et vice-versa.
Florence G. – Orthophoniste
Objectifs
– Détecter les troubles éventuels de la mémoire chez des sujets dont les déficits ne sont pas majeurs.
– Examiner finement les performances du sujet dans les différents types de mémoire.
Contenu
11 épreuves permettant :
– de cibler les aptitudes du sujet dans différents types de mémoire : mémoire immédiate, à court terme, à moyen terme, en différé dans des modalités différentes (visuelle, auditive, verbale orale et écrite…)
– d’évaluer la mémoire de travail
– de repérer les déficits associés dans d’autres fonctions cognitives transversales (processus visuo-constructifs, langage, fonctions exécutives).
Etalonnage
Pour PREDIMEM, les sujets contrôles sont au nombre de 508 et sont répartis en 5 tranches d’âge : de 18 à 49 ans, de 50 à 59 ans, de 60 à 69 ans, de 70 à 79 ans et 80 ans et au delà ; et en trois catégories socioculturelles (pour certaines épreuves).
Objectifs
– Détecter les dysfonctionnements éventuels d’une ou plusieurs fonctions exécutives.
– Examiner finement les performances du sujet dans chacun des différents processus exécutifs (inhibition, flexibilité, planification, mémoire de travail), et aussi dans des activités où ces processus sont activés conjointement.
Contenu
11 épreuves permettant :
– de pointer un syndrome dysexécutif même mineur
– d’analyser les différentes procédures exécutives en cause dans le déficit global : inhibition, flexibilité, planification, mémoire de travail, mise à jour,
– de comprendre comment chacune intervient dans une tâche complexe qui les sollicite conjointement
Etalonnage
Pour PREDIFEX, les sujets contrôles sont répartis en 5 tranches d’âge de 18 à 49 ans, de 50 à 59 ans, de 60 à 69 ans, de 70 à 79 ans et 80 ans et au delà ; et en trois catégories socioculturelles (pour certaines épreuves).
La mémoire nous permet de retenir toutes sortes d’informations pendant une durée plus ou moins longue (de quelques millisecondes à une vie entière).
Selon cette durée, on détermine 3 types de mémoires :
– la mémoire sensorielle : la plus éphémère. Reliée à nos différents sens, la mémoire peut être auditive, verbale, visuelle, olfactive, gustative, tactile, kinesthésique ;
– la mémoire à court-terme : l’information est conservée pendant une minute environ, avec une quantité d’éléments limitée (7 en général). La mémoire de travail en fait partie. Elle permet le stockage, le maintien temporaire et la manipulation des informations utiles à la réalisation de tâches cognitives . Pour de nombreuses fonctions cognitives (langage, planification d’actions, etc.), elle joue un rôle primordial ;
– la mémoire à long terme : avec une contenance et une durée de conservation de l’information illimitées. En font partie (selon le type de souvenir) : la mémoire épisodique (nos souvenirs personnels), la mémoire sémantique (liée à notre culture générale, à nos connaissances : règles grammaticales, sens des mots, noms de personnages célèbres, etc.) et la mémoire procédurale (nos savoirs-faire automatisés, implicites, telles que la lecture ou la conduite automobile).
Références :
Gaonac’h, D., Larigauderie, P. (2000). Mémoire et fonctionnement cognitif. Paris. Armand Colin. – Gaonac’h, D., Pross, N. (2005). Le développement de la mémoire de travail. In C. Hommet, I. Jambaqué, C. Billard & P. Gillet (Eds.), Neuropsychologie de l’enfant et troubles du développement (pp 185-203). Marseille : Solal. – Baddeley, A. Essential of Human Memory, Psychology Press, Hove, 1999 – Baddeley A., « Working memory : Looking back and looking forward », Nature reviews, vol. 4, octobre 2003, p. 829-839.
Les fonctions exécutives sont des fonctions cognitives élaborées qui interviennent lorsque nous nous trouvons face à une situation non routinière ; elles mettent en oeuvre trois processus : l’inhibition (s’empêcher ou arrêter de produire une “réponse” automatique non pertinente), la flexibilité (pouvoir passer d’un processus mental à un autre) et la planification (savoir organiser une série d’actions en une séquence).
Parmi les fonctions exécutives, on peut citer également la mise à jour (de la mémoire de travail), l’attention divisée, la récupération active d’informations en mémoire.
La stimulation de ces fonctions de “haut niveau” nous permet de raisonner, prendre des décisions, résoudre des problèmes.
Ces capacités cognitives spécifiques se développent rapidement au cours de la petite enfance (même si certaines ont une trajectoire développementale à long terme) et pendant l’enfance et l’adolescence, les régions du cerveau préfrontal, essentielles pour les fonctions exécutives, se structurent.
Les personnes souffrant d’une atteinte du système exécutif rencontrent, au quotidien, des difficultés à s’adapter sur le plan familial, social et professionnel et à gérer des situations nouvelles.
Références :
Allain, P., Le Gall, D. (2004). Fonctions exécutives et scripts. In Meulemans, T., Collette, F., Van Der Linden, M. (Eds), Neuropsychologie des fonctions exécutives. (pp.109-136). Solal – Andres, P. (2004). L’inhibition : une approche neuropsychologique et cognitive. In Meulemans, T., Collette, F., Van Der Linden, M. (Eds). Neuropsychologie des fonctions exécutives. (pp. 53-77). Solal – Fonctions exécutives et pathologies neurologiques et psychiatriques. O. GODEFROY, GREFEX. Editions SOLAL, 2011
et
PREDILAC + PREDILEM = PREDILAE
Protocole d’évaluation et de dépistage des insuffisances
du LAngage Elaboré
Objectifs
– Appréhender le traitement de l’information verbale dans ses aspects multiples et complexes.
– Examiner les différents aspects du langage : lexico-sémantiques, morpho-grammaticaux et textuels discursifs
– Evaluer le langage élaboré de l’adulte dans ses aspects fondamentaux, en interaction avec d’autres fonctions cognitives (attention, mémoire, fonctions exécutives).
– Proposer un examen complémentaire ou sélectif de ces différentes fonctions cognitives, cerner leurs éventuels dysfonctionnements (même légers) pour comprendre leur incidence sur les performances en langage élaboré.
Contenu
11 épreuves (PREDILEM) ou 12 épreuves (PREDILAC) chronométrées permettant :
– l’évaluation de la compréhension verbale orale et écrite à un niveau élaboré (gestion morpho syntaxique et textuelle)
– l’analyse des difficultés lexico-sémantiques caractéristiques dans l’aphasie et qui peuvent inaugurer une pathologie dégénérative (dénomination, fluences, intrus sémantiques),
– l’évaluation de fonctions cognitives comme la mémoire de travail, les fonctions exécutives et les aptitudes métalinguistiques dont l’intégrité est nécessaire pour une bonne gestion du langage élaboré. (épellation à l’envers, reconstruction de texte).
Afin de préciser l’analyse, chaque domaine est représenté dans plusieurs épreuves qui sont complémentaires les unes des autres mais dont chacune garde une spécificité.
Les résultats quantitatifs obtenus, associés à une analyse des performances et des types d’erreurs, permettent au clinicien d’estimer l’impact plus ou moins important de telle ou telle sous-composante déficitaire dans la gestion du langage élaboré.
NB : PREDILAC et PREDILEM présentent les mêmes épreuves adaptées à des niveaux socio-culturels différents.
Etalonnage
Pour PREDILAC, les sujets contrôles sont au nombre de 126. Ce sont des adultes de niveau socioculturel moyen (niveau 1), répartis en cinq tranches d’âge : de 20 à 49 ans, de 50 à 59 ans, de 60 à 69 ans, de 70 à 79 ans, de 80 à 90 ans.
Pour PREDILEM, les sujets contrôles sont au nombre de 392. Ce sont des adultes de haut niveau socioculturel (tous au-delà du niveau du BAC), répartis en cinq tranches d’âge (voir supra) et en deux catégories socioculturelles (niveau 2 et 3).
C’est l’expression d’un savoir lexico-sémantique (le sujet a une certaine connaissance de la langue et des mots qui la constituent) et d’un savoir-faire linguistique (le sujet est capable d’élaborer un discours construit, de comprendre l’implicite, l’humour, les métaphores, etc. Le langage élaboré se présente sous deux aspects principaux : le métalangage et la pragmatique.
– Le métalangage est un domaine de la métacognition qui traite du langage et de son utilisation. Cela correspond aux capacités d’un sujet à réfléchir sur le langage, à l’analyser. Il s’agit aussi pour lui d’être en capacité de contrôler et de planifier ses propres processus de traitement linguistique.
– La pragmatique est l’étude de l’usage du langage dans des contextes sociaux. C’est une approche sociale, cognitive et culturelle du langage et de la communication. Les compétences pragmatiques permettent d’utiliser adéquatement le langage en tant qu’outil de communication, en tenant compte du contexte.
Être capable d’effectuer des choix contextuellement appropriés implique à la fois :
– la maîtrise d’habiletés conversationnelles spécifiques : aptitude à capter l’attention du partenaire, à initier un échange, à prendre et à céder son tour de rôle, à établir un référent commun, à produire et à comprendre un acte indirect de langage, à exprimer et à comprendre une variété d’intentions communicatives, etc.
– la maîtrise d’habiletés cognitives générales : traitement de l’information, calcul d’inférence, capacité à intégrer plusieurs sources d’information, théorie de l’esprit, etc.
Pour évaluer le langage élaboré, il faut alors investiguer le lexique, la sémantique, la syntaxe, la pragmatique et le discours.
Références :
Blanc, N., Brouillet, D. (2005). Comprendre un texte. In Press Editions. – Coirier, P., Gaonnac’h, D., Passerault, J-M. (1996). Psycholinguistique textuelle. Paris. Armand Colin – Duchêne, A. (2011). Le texte et les fonctions exécutives. Rééducation Orthophonique, 248, 59-68. – Kerbrat-Orecchioni, C. (1986). L’implicite. Paris. Armand Colin. – Kintsch, W. (1998). Comprehension: A paradigm for Cognition. Cambridge: University Press. – Ducrot, O. (1972). Dire et ne pas dire. Principe de sémantique linguistique. Paris. Hermann. – Gineste MD, Le Ny JF – Psychologie cognitive du langage – De la reconnaissance à la compréhension. Paris : Dunod. 2002.
Monsieur M, 75 ans ingénieur, se plaint de troubles de mémoire. En fait c’est sa femme qui le trouve très oublieux. En 2015, il consulte à l’hôpital dans un centre spécialisé pour diagnostic des pathologies dégénératives. Il a un bilan complet : voit un neurologue, un gériatre, un orthophoniste et un neuropsychologue. Le bilan révèle des difficultés mnésiques repérées au RL RI 16. Le neurologue me l’adresse pour que je pousse plus loin les investigations avec les protocoles PREDI.
Je propose des épreuves de PREDI en choisissant à chaque fois les plus représentatives pour détecter des symptômes fréquents dans les débuts de pathologies dégénératives : difficultés d’accès au lexique, problèmes de mémoire épisodique, de mémoire de
travail et difficultés dans la résolution de problèmes complexes qui signeraient un syndrome dysexécutif.
Monsieur M se montre tout à fait coopérant et, contrairement à mon attente, il se montre performant dans la plupart des épreuves
Je propose des épreuves de PREDILEM, PREDIMEM et PREDIFEX en choisissant à chaque fois les plus représentatives
que je lui propose. Il me dit d’ailleurs en cours de bilan (réalisé sur plusieurs séances) que le jour où il a passé les épreuves à l’hôpital il avait
appris le décès d’un de ses meilleurs amis et il en était très perturbé.
J’adresse le compte-rendu à l’hôpital qui reçoit à nouveau le patient : le neurologue lui propose une ponction lombaire pour « en avoir le cœur net » ce que le patient refuse. Depuis il est suivi tous les ans en consultation à l’hôpital et les bilans sont toujours négatifs (4 ans après).
L’histoire de ce patient pourrait démontrer que des résultats même très mauvais à une seule épreuve ne suffisent pas pour poser un diagnostic et qu’il convient de croiser les résultats de plusieurs épreuves (ou protocoles) pour cibler au mieux les déficits.
Monsieur F chirurgien dentiste, 70 ans à la retraite depuis peu, extrêmement cultivé, m’est adressé par son médecin généraliste pour bilan de langage. La plainte porte exclusivement sur le manque du mot.
Je propose des épreuves significatives de PREDILEM : les épreuves de dénomination, d’épellation envers avec évocation, de récit spontané de l’histoire lue. Ces dernières montrent des performances très inférieures à la moyenne dans le domaine de l’expression et confirment les difficultés d’accès au lexique (à noter que l‘épreuve DO 80 que je propose aussi est correctement réussie).
Je propose également des épreuves de mémoire épisodique : les résultats sont parfaits. Les épreuves complexes de PREDIFEX (Sudofex, problèmes de Luria ou textes exécutifs) sont réalisées à grand peine et dans un temps 4 fois plus long que la moyenne des sujets
témoins de son âge et de son niveau.
D’ailleurs son épouse qui participe à la validation du protocole comme sujet sain, réussit haut la main toutes les
Un bilan complémentaire avec les PREDI a été une aide précieuse pour soupçonner précocement la pathologie.
épreuves en me disant que son mari était aussi performant qu’elle auparavant, mais qu’elle sent bien son manque de flexibilité et de rapidité dans la vie courante depuis quelques mois.
Je l’adresse à l’hôpital spécialisé pour pathologies dégénératives. Le bilan neuropsychologique est normal.
Le bilan orthophonique pointe la difficulté d’accès au lexique mais plutôt mineure.
Pour être certain du diagnostic, il lui est proposé une ponction lombaire, que le patient refuse tout d’abord. Il est très désireux en revanche de mettre en place une rééducation et accepte de travailler à domicile. Il est suivi depuis trois ans assez régulièrement (une séance par semaine)
A ce jour, le patient a fini par accepter une ponction lombaire et cette dernière confirme le diagnostic de pathologie Alzheimer.
Un bilan complémentaire des fonctions cognitives avec les PREDI a été une aide précieuse pour soupçonner précocement, à juste titre, la pathologie de ce patient, objectivée quelques années plus tard par la ponction lombaire. Ceci a permis une prise en charge précoce de Monsieur F.
Monsieur R, jeune homme de 22 ans, étudiant HEC a un très grave accident de voiture. Il présente un traumatisme crânien sévère. Il fait un séjour de quelques mois en centre de réadaptation. Un bilan neuropsychologique classique est réalisé et conclut qu’il est apte à reprendre ses études à Paris. Deux mois après cette reprise, on apprend qu’il a fait une tentative de suicide. Il revient chez ses parents et je le revois dans le cadre libéral. Il s’avère qu’il a pris conscience de ses difficultés à reprendre ses études et devant l’échec cuisant qu’il ressentait en cours, (alors qu’il était censé être « guéri »), il
a fait une grosse dépression qui a entraîné sa tentative de suicide.
On lui propose des épreuves de PREDIFEX et on met en évidence
Cet exemple met en avant la difficulté de l’évaluation des sujets de haut potentiel qui peuvent plafonner.
des difficultés dans la gestion des problèmes complexes qui l’empêchent assurément de reprendre, en l’état, son cursus d’étudiant.
Il est « rassuré » de voir que son échec est lié à son accident et accepte de prendre une année pour essayer de retrouver ses performances initiales.
Il se montre très coopérant et analyse bien ses difficultés en séance de rééducation.
Au bout d’un an, il reprend ses études qu’il termine brillamment.
Cet exemple met en avant la difficulté de l’évaluation des sujets de haut potentiel qui peuvent plafonner sur des épreuves standard alors qu’il y a bien des déficits résiduels (au traumatisme crânien pour ce patient en particulier).
Monsieur T, directeur d’une banque, 59 ans présente un AVC en janvier 2017. Les suites sont marquées par des difficultés verbales avec une articulation un peu serrée, un gros déficit d’accès au lexique et donc des difficultés à s’exprimer à l’oral alors que sa compréhension orale et écrite est parfaite. Il est suivi en centre de rééducation puis en libéral en orthophonie et au bout d’un an, parle de reprendre le travail. Les bilans classiques le placent dans la norme. Cependant, les résultats aux épreuves
de PREDILEM ainsi qu’à des épreuves de PREDIFEX montrent qu’il n’a pas suffisamment récupéré pour assurer ses fonctions professionnelles. Je le dissuade donc de reprendre trop vite et il accepte de rester en arrêt encore 6 mois
Des déficits séquellaires post AVC même mineurs doivent être évalués de façon subtile
avec bien sûr un suivi en orthophonie.
Récemment, il a repris à mi-temps avec justification (auprès du médecin conseil de la sécurité sociale) qui était largement étayée par les résultats encore insuffisants aux bilans PREDI pour une reprise à plein temps.
Cet exemple démontre que des déficits séquellaires post AVC même mineurs doivent être évalués de façon subtile et analysés en tenant compte des exigences professionnelles.
Orthophoniste, Neuro-Psychologue, Docteure en neuropsychologie
Enseignante à l’école d’orthophonie de Lyon et à l’Université Lyon 2 en neuropsychologie.
Auteure des programmes orthophoniques :
Gestion de l’implicite, (Ortho Edition), PRÉDILAC, PRÉDILEM, PRÉDIMEM, PRÉDIFEX, Emilie 11-15 (éditions HappyNeuron)
Orthophoniste, spécialisée dans la prise en charge des pathologies neurologiques.
Co-auteure des programmes orthophoniques :
PRÉDILAC, PRÉDILEM, PRÉDIMEM, PRÉDIFEX (éditions HappyNeuron)
C’est à la fois évident (l’intérêt de créer des outils « transversaux ») et à la fois pas si simple à réaliser. Mon parcours personnel m’a fait rencontrer à la fois des chercheurs et des cliniciens et j’ai pu travailler avec des équipes pluridisciplinaires (neurologues, orthophonistes, neuro-psychologues et chercheurs dans le domaine de la cognition). Il m’apparaît évident que toutes ces disciplines sont requises pour une bonne évaluation/remédiation des déficits que peuvent présenter nos patients présentant des pathologies neurologiques.
Cependant, j’ai regretté tout au long de ma carrière de voir encore trop souvent des présentations de cas pour lesquels on avait tellement compartimenté les différentes fonctions que la vision d’ensemble du sujet était confuse.
Les patients atteints de pathologies neurologiques montrent assez rarement des dissociations radicales entre les différentes fonctions cognitives. Il y a certes des symptômes inauguraux (ou prégnants) assez faciles à détecter dans les bilans classiques. Cependant, la plupart du temps, les activités de la vie quotidienne réclament des performances cognitives conjointes, et c’est bien dans le cadre de ce cumul que les problèmes peuvent apparaître.
C’est pourquoi les protocoles PREDI proposent des épreuves plus « écologiques » (qui essaient de se rapprocher du fonctionnement cognitif en situation de vie quotidienne) et qui donc font appel à différentes procédures conjointes.
En effet, le langage (surtout le langage élaboré) est très dépendant à la fois de la mémoire et des fonctions exécutives et une bonne appréciation des fonctions exécutives et de la mémoire passe souvent par une modalité verbale. Donc il faut que chaque examinateur puisse connaître en tout cas les prérequis dans chaque domaine cognitif de chaque épreuve pour éviter de tirer des conclusions hâtives sur les résultats chiffrés de l’épreuve en question.
C’est pourquoi les épreuves des protocoles PREDI insistent sur l’analyse qualitative des résultats autant que sur les résultats chiffrés afin d’éviter des erreurs d’interprétation.
Non, quand les premiers PREDI sont sortis, axés très spécifiquement sur le langage, j’avais déjà considéré cette interaction entre les différentes fonctions cognitives et chaque épreuve pointait (dans l’analyse) la complexité des procédures mises en cause.
Mais il m’a paru après coup très important de réaliser le même travail autour des fonctions mnésiques d’une part et autour des fonction exécutives d’autre part, pour pousser plus loin les investigations quand on se rend compte que les difficultés verbales (même prégnantes) peuvent être liées à des troubles dans d’autres domaines cognitifs ou quand on veut tout simplement pointer des déficits sur les autres fonctions (mnésiques et exécutives) quand ceux-ci « échappent » aux bilans classiques.
D’ailleurs, il convient de compléter ces protocoles pour approcher au mieux la réalité du fonctionnement cognitif au quotidien et d’aborder des domaines cognitifs encore trop peu explorés (et donc évalués) jusque là et qui pourtant sont nécessaires au quotidien.
La collection des PREDI devrait s’étendre avec un protocole plus axé sur la Cognition sociale, et un autre sur l’Espace.
Le M (Mémoire) de PREDILEM et le AC (Aptitudes Cognitives) de PREDILAC pointait les autres domaines de la cognition en relation avec le langage. Comme la gamme s’étend plus spécifiquement sur ces domaines, on préserve la prévalence du langage élaboré pour les deux premiers PREDI et on restructure l’acronyme en cumulant dans le même protocole PREDILAC et PREDILEM puisqu’il s’agit des mêmes épreuves adaptées à des niveaux socio-culturels différents.
Evaluer les différentes fonctions cognitives en pointant les déficits mêmes légers dans chaque domaine.
Cerner les interactions entre différentes fonctions en croisant les résultats aux différentes épreuves
Comprendre les dysfonctionnements et les interpréter.
Bien sûr aider à l’évaluation précoce des troubles liés aux maladies neuro-dégénératives débutantes et objectiver les plaintes dans le cadre de syndrome séquellaire, suite de pathologies neurologiques comme les AVC ou le TC.
Tout patient présentant une plainte cognitive.
Il peut s’agir de traumatisés crâniens qui gardent des séquelles cognitives après une récupération correcte mais insuffisante pour une réinsertion dans leur milieu professionnel ou de scolarité.
Il peut s’agir de sujets ayant présenté un AVC (droit ou gauche) qui ne présentent pas (ou plus) d’aphasie grave mais qui n’ont pas récupéré totalement leur niveau prémorbide.
Il peut s’agir de sujets qui évoquent une plainte cognitive et qui sont en première intention adressés à l’orthophoniste ou qui sont adressés après une première consultation dans un centre mémoire afin de compléter les bilans déjà réalisés.
Il peut encore s’agir de sujets dont la pathologie est avérée dans deux cas de figure :
-des sujets dont les symptômes cognitifs sont encore légers, peu évidents à pointer pour pousser les investigations et cerner mieux les dysfonctionnements en vue d’une remédiation.
– des sujets qui sont déjà assez déficitaires dans un domaine de la cognition mais dont d’autres fonctions sont relativement préservées (langage vs mémoire ou langage vs fonctions exécutives).
Oui, certaines épreuves sont manifestement plus importantes dans un domaine ou l’autre et permettent une première piste pour cerner la prévalence des troubles ; mais il convient à chaque fois, pour une interprétation pertinente, de compléter chacune d’elles par d’autres tests dans le même protocole ou d’autres épreuves dans un autre protocole PREDI ou encore d’autres tests dans des protocoles classiques.
Les courbes ROC (significativité et sensibilité des tests) des différents PREDI sont en cours de réalisation et montrent une bonne fiabilité mais…
Il faut toujours se méfier des premiers résultats chiffrés quelle que soit l’épreuve que l’on propose surtout quand ces premiers résultats ne corroborent ni la plainte du sujet ni celle de son entourage, ni même celle qu’on avait au cours de l‘entretien préliminaire.
C’est pourquoi il faut impérativement, d’une part, compléter une ou deux premières épreuves clés par des tests plus variés mais orientés dans une bonne direction, et d’autre part interpréter au mieux les résultats en croisant les épreuves pour une meilleure analyse qualitative.
Si l’on prend ces précautions, on doit éviter les faux négatifs et les faux positifs.
Il faut compter une heure pour une évaluation correcte (au minimum) pour un PREDI.
En fait la durée de passation va dépendre du sujet (plus ou moins lent dans ses réalisations). La plupart du temps, l’examinateur va choisir des épreuves qui lui paraissent pertinentes dans différents outils de la gamme et chaque cas sera différent dans le contenu et la durée.
On peut dire que plus les déficits sont légers et plus la durée de passation sera longue puisqu’il faudra coupler plusieurs épreuves pour véritablement garantir une bonne évaluation.
Bien sûr vous donnez la réponse dans votre question. Chaque examinateur devra « déterminer » le niveau qu’il donne à son patient en fonction de tous ces éléments (et c’est ce que nous avons fait dans la normalisation) mais il faut bien une trame pour un repérage qu’il faudra ajuster au cours de l’entretien/anamnèse avec le sujet ou son entourage.
Essentiellement le fait qu’ils permettent de détecter des troubles même très légers, y compris chez des sujets qui ont une très bonne réserve cognitive et qui peuvent passer dans les mailles du filet d’épreuves classiques (surtout pour les fonctions exécutives), épreuves dans lesquelles les résultats sont trop «facilement » considérés comme normaux.
Mais aussi le fait que l’analyse des déficits est plus poussée pour une interprétation des troubles plus adaptée à une meilleure prise en charge par la suite.
Marie Jaillard (co-auteure des programmes Predi) et moi-même travaillons sur l’étalonnage depuis presque 4 ans. La difficulté est de trouver des cohortes suffisantes représentant des sujets de tous âges et de tous niveaux. Nous avons noté de grandes réticences de la part de nombreux sujets qui avaient peur d’être évalués (surtout chez les hommes) et qui même avaient peur qu’on puisse détecter chez eux des déficits (voire une maladie) et qui, de ce fait, ont refusé de participer. Cette difficulté concerne les personnes retraitées à partir de 60 ans. Pour les plus jeunes, il fallait qu’ils acceptent de nous donner une heure, voire deux, de leur temps, ce qui n’est pas simple quand on travaille. Nous avons eu des difficultés à trouver des sujets de niveau 1 car ceux-là se sentent moins concernés par la cognition et ne voient pas l’intérêt d’une participation qui leur évoque leur scolarité qui s’est souvent mal passée.
Nous avons beaucoup fait appel à des membres de la famille de nos patients qui eux étaient davantage motivés pour cette participation. Les sujets témoins n’avaient pas tous le même temps à nous consacrer. Nous avons choisi de leur proposer d’abord les épreuves clés.
A chaque fois nous avons pris soin d’expliquer au sujet le contenu de l’épreuve et son intérêt pour la clinique. Les sujets qui ont participé ont trouvé les épreuves intéressantes et variées. Souvent, ils nous demandaient de revenir pour d’autres épreuves…
Nous n’avons de fait pas de tout petit niveau socio-culturel dans notre normalisation. Les sujets ont tous l’équivalent d’un CAP ou Certificat d’études.
Nous avons fait en sorte (avec les programmeurs de HappyNeuron) qu’elle le soit et espérons avoir réussi deux objectifs :
– que la passation sur ordinateur facilite la cotation et les résultats chiffrés, sans doute possible sur l’appréciation.
– que la lecture du manuel et surtout la partie « analyse des résultats » aide les examinateurs à ne pas s’en tenir aux résultats chiffrés et à les utiliser (j’insiste !) comme point de départ d’une interprétation.
Parce que la plupart des épreuves de PREDIMEM et PREDIFEX peuvent être proposées à tous les sujets, quelle que soit la sévérité de leur déficit, alors que les épreuves de PRÉDILAC / PRÉDILEM sont réservées aux sujets qui n’ont pas de troubles trop sévères dans la sphère du langage.
Nous avons considéré que les différentes procédures exécutives sont souvent requises conjointement dans la résolution d’un problème de la vie courante. Il fallait, pour compléter les épreuves classiques qui existent dans les évaluations neuropsychologiques plus « compartimentées », proposer des épreuves qui demandent la gestion de toutes ces fonctions à la fois. C’est le cas des SUDOKUS d’une manière générale, et c’est encore plus le cas dans SUDOFEX dont la réalisation demande un très bon niveau global de gestion exécutive.
C’est pourquoi, un sujet qui se montre très performant sur cette épreuve peut quasiment à coup sûr être considéré comme indemne de dysfonctionnement exécutif.
C’est aussi pourquoi en cas de problèmes sur cette épreuve, il faudra revenir à des épreuves plus classiques pour essayer de cerner le déficit le plus prégnant dans ce qui sera peut-être un syndrome dysexécutif.
J’ai trouvé qu’il fallait pour cette épreuve jouer sur les capacités de représentation mentale visuelle des sujets. En effet, « la lecture » d’un tableau d’un portrait peint est différente de la vue d’une photographie d’un visage. Ces portraits font partie d’une grande exposition intitulée « les Anonymes » pour laquelle le peintre Jacques OUDOT avait « croqué » en quelques traits, toutes les personnes de son entourage qui le voulaient bien.
Page mise à jour le 03/07/2023